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Colloque international sur le théâtre berbère

Colloque international sur le théâtre berbère

Le 2 et 3 avril 2020

Lacnad, Inalco, Paris
contact : ouzna.ouaksel@inalco.fr

Lieu : Inalco, Maison de la recherche, 2 rue de Lille 75007 Paris

D. Merolla, PU


Les modifications et transformations qui ont vu le jour dans le champ socioculturel amazigh (berbère) ont contribué à un renouvellement littéraire et artistique avéré, qui trouve expression entre autres dans les productions théâtrales actuelles. Le théâtre, en détournant les difficultés de la communication écrite entre les auteurs et le public amazigh dans un contexte encore fortement marqué par l’oralité, devient donc un terrain d’expérimentation artistique ainsi qu’un moyen puissant de critique sociale et de construction identitaire. On assiste au renouveau des formes et des thèmes du théâtre dans l’interaction entre oralité, écriture et visualité/gestualité réalisée par des auteurs insérés dans plusieurs circuits de production littéraire. Si les hommes et les femmes du théâtre amazigh d’aujourd’hui perpétuent une tradition ancienne (halqa, rites, mascarades), ils sont aussi insérés dans le contexte actuel caractérisé par l’interaction des genres et des médias. Un rôle central dans ce renouveau est évidemment joué par l’éducation scolaire et la connaissance des genres et des œuvres du théâtre international. Le théâtre, dans la forme d’une pièce jouée par des acteurs dans l’espace clos d’une salle, est effectivement un genre lié aux influences internationales. Les premières pièces au Maghreb datant du début du XXe siècle, les expériences de spectacles de théâtre joués en berbère connaissent la notoriété dans les années 1970 avec la troupe de Kateb Yacine qui, dans Mohamed prend ta valise, utilisait l’arabe dialectal et le berbère kabyle (taqbaylit) pour se rapprocher du public algérien. Dans la même période Muhand U Yeḥya publiait ses adaptations en kabyle des pièces internationales avec une influence majeure du théâtre européen (Beckett, Brecht, Molière, Pirandello). Au cours du 20e siècle, la production théâtrale amazigh au Maghreb et en diaspora a augmenté et un grand nombre de pièces ont été jouées par des acteurs professionnels et amateurs, plusieurs troupes d’élèves et d’étudiants étant créés un peu partout dans les régions berbérophones. Bien que le théâtre reste souvent dans la « performance », un certain nombre de pièces apparaissent également à l’écrit, par exemple celles de Moumen Al Safi, publiées dans les années 1980, et considérées comme le début du théâtre amazigh moderne au Souss (Maroc).  

Le Colloque international sur le théâtre amazigh sera l’occasion de l’élaboration d’un discours nuancé sur les ambitions du théâtre amazigh et son analyse textuelle et esthétique en traitant plusieurs questions ouvertes concernant son développement actuel : Quels sont les pièces et les créateurs /acteurs contemporains ? Quelles sont leurs stratégies par rapport à la langue des pièces de théâtre ? Le débat entre langue quotidienne (avec les emprunts à l’arabe et au français) et langue standardisée et « purifiée » (en récupérant les mots anciens et désuets et en rénovant le vocabulaire dialectal avec des néologismes) est-il encore un enjeu pour le travail des créateurs et des acteurs du théâtre amazigh ? Est-ce qu’il y a un renouveau des thèmes et des personnages ? Est-ce que l’apport du théâtre international diminue ou s’accroît ? Quels sont le rôle et la position des actrices et des personnages féminins dans le théâtre amazigh contemporain ? Les nouvelles conditions sociales, politiques et économiques du berbère au Maghreb après les années 2000, ont-elles amené à une dynamisation du théâtre amazigh ?