Le Centre de Recherche Berbère : Historique et perspectives

 

La mise en place : 1990 – 1997

 

Créé en janvier 1990 à la suite de la nomination de S. Chaker comme professeur de berbère [Il était antérieurement Chargé de recherche au Cnrs (Iremam, Aix-en-Provence)], ce centre de recherche a eu pour ambition de redonner à l'Inalco la place qui fut autrefois la sienne en ma­tière d'études berbères. Il convient en effet de rappeler que l'enseignement du berbère a été inauguré à l'Inalco en 1913 et que l'établissement est actuellement la seule institution au monde à proposer une formation com­plète en ce domaine (LMD), s'appuyant sur plusieurs dialectes (touareg, kabyle, chleuh).

Or, malgré ce potentiel et cette tradition bientôt séculaire, on a assisté à partir des an­nées 1960 à un net déplacement des activités scientifiques berbérisantes françaises (recherche, publications, formation doctorale) vers d'autres lieux, plus généralistes : Cnrs (Paris, Aix), uni­versités de Paris-V, Paris-III, Paris-VIII, Ehess-Msh, Aix/Marseille-I, Ephe-4e Section... Il est clair que, durant la période 1960 – 1990, l'Inalco n'attirait guère d'étudiants berbérisants qu'en premier cycle ; les activités scientifiques des enseignants eux-mêmes avaient également tendance à "émigrer" vers d'autres institutions.

Le nombre d'étudiants de berbère à l’Inalco – qui était en 1990 d’une quinzaine, tous cycles confondus –, après une augmentation régulière, s’est stabilisé depuis 1995 autour de 100 inscrits par an, dont une vingtaine en troisième cycle. Cette évolution démographique fait de la Section de berbère la filière la plus importante au sein du Département Afrique de l’Inalco. Ce renouveau a des causes diverses, dont certaines probablement conjoncturelles. Mais il est fondamentalement lié à l'émergence d'une demande sociale forte et pérenne en matière berbère, tant dans les pays berbérophones qu'en France, notamment à travers une importante communauté d'origine berbère : les besoins en instruments scientifiques de référence et outils didactiques sont de plus en plus explicites et pressants (dictionnaires, manuels divers, méthodes d'enseignement...) car la documentation scientifique berbère est, en bien des matières et sur bien des régions, extrêmement lacunaire et/ou vieillie.

Au début des années 1990, l'Inalco a considéré qu'il convenait d'accompagner ce mouvement de reprise par la création d'un pôle scientifique berbérisant, centré sur les questions de langue, conformément à la vocation de l'établissement. A la fin 1991, le Conseil scientifique a accepté de présenter cette équipe à la reconnaissance de la Direction de la Recherche dans le cadre du contrat quadriennal "Recherche" de l’établissement.

L'octroi par le Ministère du statut de "Jeune équipe", à partir de janvier 1992, a permis au Crb de consolider significativement :

  • ses activités scientifiques, notamment ses publications,
  • ses échanges internationaux, tant en Europe qu’avec les universités du Maghreb et du Sahel,
  • son rôle dans l'encadrement doctoral.

Parmi les facteurs humains qui ont permis cette émergence, on citera notamment le recrutement et la titularisation à l’Inalco de A. Bounfour spécialiste de littérature berbère, maintenant Professeur des Universités (2000), et l’intégration progressive dans l’équipe, à partir de 1995, en tant que Chargés de cours ou contractuels, de nombreux spécialistes de sciences sociales (anthropologie sociale et culturelle, histoire) : Mmes Abrous, Benbrahim, Merolla, MM. Bellil, Hachi, Doumane.

En quelques années, le Crb s’est constitué en pôle de recherche de dimension internationale, comme en témoigne la densité et l’ouverture de ces échanges, avec une production scientifique vigoureuse et diversifiée, une action de formation à la recherche efficace, et une maîtrise très large des principaux secteurs des études berbères. L’ouverture sur l’Europe et le Maghreb, qui induit un renouvellement en profondeur de la population de jeunes chercheurs en formation, mérite d’être tout particulièrement soulignée.